Le Dr Lavocat répond à vos questions les plus fréquentes
Réponse publiée le 29 aout 2019 par le Docteur Romain Lavocat
Cette question sur la perte de poids grâce à la liposuccion revient très souvent en consultation. Pour y
répondre, il faut comprendre de quoi est constitué le tissu sous cutané contenant la graisse.
Celui-ci présente des travées, similaires
à des alvéoles d’une ruche d’abeilles, qui sont constituées de fibres de collagène. La graisse en elle
même située au centre de ces espaces fibreux ne pèse pas lourd.
La lipoaspiration ne retire que le
contenu des alvéoles graisseuses
et laisse le tissu fibreux qui va se rétracter avec la cicatrisation et participer à la remise en
tension de la peau. Cette pérennité du tissu entourant les cellules de graisse explique pourquoi la
perte de poids est nulle ou peu marquée.
La graisse est parfois plus dense chez certaines personnes ce qui peut expliquer les pertes de poids
différentielles selon les patients.
Attention, avec l’oedème initial, gonflement fait d’eau et de
liquide inflammatoire suite au traumatisme
chirurgical, les zones aspirées sont enflées et le poids peut augmenter légèrement d’un ou deux kilos
pendant les premières semaines.
Concernant la quantité de graisse, c’est un sujet qui fait encore débat car il n’y a en théorie pas de limites techniques à ne pas dépasser. Il n’existe pas de débat selon moi. La raison est simple : la sécurité du geste pour le patient.
Comme évoqué dans une précédente question, la graisse que l’on aspire est toujours accompagnée de plasma
et de globules rouges ou sang à proprement parlé. L’infiltration de liquide avec adrénaline en début de
procédure limite ces pertes mais de manière
incomplète. Ces pertes sont également variables selon les patients et dépendent de la quantité de
vaisseaux sanguins traversant la graisse.
Perde du sang veut dire baisser son taux d’hémoglobine,
molécule transportant
l’oxygène dans le sang et nourrissant chaque organe. Ainsi, plus on aspire de graisse et plus
l’hémoglobine descend aboutissant à une anémie post opératoire. Chaque individu réagit différemment à
cette anémie mais celle-ci peut entraîner
des soucis généraux qui peuvent être graves avec difficulté respiratoire, malaises à répétitions,
tachycardie jusqu’à la nécessité d’une transfusion de sang. La quantité de graisse à retirer est donc
bien sûr limitée !
En prenant en
compte la variabilité individuelle, et en accord avec nos collègues anesthésistes-réanimateur, une
quantité maximale de 3 à 4 litres est le maximum toléré. Certains avancent également le chiffre de 5% du
poids du corps qui permet, chez
les patients plus corpulent en taille, de dépasser légèrement le volume ci-dessus.
Enfin, il faut
penser qu’une trop grande aspiration de graisse va relâcher fortement la peau et que sa remise en
tension post opératoire est un pari
que l’on ne peut pas garantir de gagner! En cas de remise en tension partielle, des plus, vagues et
aspect de peu vieillie seront définitifs et sans traitements...
Un mot d’ordre donc, d’empêcher d’en faire trop pour la sécurité du patient, la qualité du résultat et être honnête en consultation en expliquant que tout n’est pas possible, même voir surtout en chirurgie plastique.